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Francois-Rene Rideau
fare@tunes.org
Tue, 7 Dec 1999 00:27:47 +0100
[Message mis en copie vers cybernethique@tunes.org, issue d'une flame-war
sur le libre logiciel]
> mais il me semble que certains DROITS sont illusoires et que les FAITS sont
> plus important;
NON. Le DROIT est issu de la nature. La reconnaissance du droit naturel
est NECESSAIRE. Elle n'est certes pas SUFFISANTE. Mais faire dévier le
droit de son cadre naturel est le moyen le plus sûr d'arriver à des
faits détestables. Avec un DROIT injuste, vainement tu tenteras d'instituer
des FAITS justes. L'injustice de la loi attirera à elle tous les parasites
(avocats compris) avides de sucer le sang des victimes du glaive aveugle;
quand l'injustice est illimitée, comme dans le cas de la "propriété
intellectuelle", c'est tout une industrie qui va s'installer sur la plaie,
et proliférer comme une énorme enflure, aspirant de plus en plus les
ressources vitales de la société à mesure qu'elle grandit, cancer dévorant.
Jamais tu ne les extirperas sans avoir refermé la plaie, c'est à dire
réformé la loi.
> par exemple il existe dans le DROIT francais une loi qui interdit de fumer
> dans les lieux publics je ne l'ai jamais vu appliquer!
Je l'ai vue appliquée, quoiqu'avec laxisme. Même ainsi, elle a certainement
changé l'équilibre des choses, et je constate qu'on fume bien moins dans les
lieux publics clos qu'avant ladite loi. Tu confonds encore DROIT et FAIT!
Une loi contre FOO n'éliminera pas complètement FOO, mais en diminuera
l'occurrence, selon un coût légal qui croîtra en fonction de la vigueur
avec laquelle on fait appliquer la loi.
> elle a juste donné bonne conscience aux gens qui l'ont voté, car ils
> savaient qu'elle etait innapliquable.
Elle n'est inapplicable qu'en ce que les citoyens sont privés du moyen
de l'appliquer; c'est d'ailleurs tout le drame de l'Etat centralisé à
la française. Ceci dit indépendamment de la validité de cette loi
aux yeux du droit naturel.
> pour le logiciel c'est pareil, l'Open Source c'est le risque de se donner
> bonne conscience.
> le risque que, de toutes facons, c'est toujours les informaticiens qui ont
> la main mise sur leur travail et le consommateur qui paye les pots cassés.
Si tu veux dire que les informaticiens auront toujours un avantage sur
les néophytes quant à l'informatique, certes, et c'est là ce qui fait toute
leur valeur, inaliénable: la compétence sur un sujet spécialisé.
Le libre marché et la libre information permettent cependant au consommateur
de mettre ces informaticiens en concurrence, et de les juger selon leur
valeur effective autant que possible. Quant à la part qui leur restera
après stabilisation du marché, ce sera celle qui leur est due de par les
services qu'ils rendent.
Tu jalouses cette part? Deviens informaticien, et en augmentant l'offre,
tu participeras de la diminution des coûts. Tu la trouves trop petite?
Change de métier, et en diminuant l'offre, tu participeras de l'élévation
de leurs salaires; et c'est ainsi que la valeur du travail s'équilibre
entre les divers métiers, par la liberté de chacun de choisir son activité.
Et ne t'offusque pas du caractère inaliénable de l'avantage des
informaticiens en matière d'informatique; ou alors offusque-toi autant
de l'avantage des cordonniers en matière de cordonnerie, de l'avantage
des jardiniers en matière de fruits et légumes, ou de l'avantage des
fabricants de chandelles en matière d'éclairage.
Que chacun développe des compétences dans une activité utile, et soit
rémunéré à hauteur de son utilité, telle qu'établie par l'équilibre mutuel
des valeurs des diverses activités. Voilà les résultats d'un _libre_ marché
Progrès par la spécialisation du travail, partagé par l'équilibre des marchés.
(Il y a _toujours_ échanges, donc marché; la question est de savoir à quel
point le marché est libre).
Et ne vient pas plaindre le pôvre zouave qui n'aurait aucune compétence
particulière, ne ferait aucun effort pour en acquérir, ou ne voudrait pas
mettre en oeuvre celles qu'il a. Si la société arrive, par ces coups de
pieds au derrière que sont une pauvreté relative et la pression sociale,
à mettre au travail des éléments parasites ou inutiles, à les pousser à
devenir meilleurs et plus utiles envers leurs semblables, alors tant mieux.
Certes, aider les plus démunis, donner une seconde chance à ceux qui ont
raté la première, faire émerger des personnes noyées dans les problèmes,
voilà un but charitable. Mais la spoliation légale n'est pas la charité,
elle n'est que l'injustice se grimant sous un masque généreux. La charité
ne saurait être qu'un exercice du libre arbitre personnel, sous peine de
perdre toute sa moralité, et ne pas moins perdre efficacité, à travers la
déresponsabilisation et des donneurs et des receveurs.
> ce que j'aimerais que tu admettes, c'est que ce qu'a fait Microsoft, Sun ou
> RedHat peuvent le refaire!!!
D'abord ne mets pas Sun et RedHat dans le même bateau.
Sun est dirigé par des voyous vicieux qui ne jouent pas le jeu,
mais tentent de tromper le public tout en tirant la couverture de leur côté;
RedHat a toujours été le champion du libre logiciel comme il devait être,
même s'il fait parfois des faux pas mineurs en tâtonnant.
Pour ce qui est de l'établissement d'un monopole sur le logiciel,
le libre logiciel nous met à l'abri d'une telle chose de la part de RedHat,
ou de quiconque joue le jeu: comme tout le monde peut recopier à l'identique
ce que font les autres, la valeur ajoutée d'un acteur ne peut se trouver
que dans l'avance technologique; aller toujours plus loin, avant les autres,
et cependant suivre les autres dès qu'ils font quelquechose de bien, telle
est donc l'unique façon de survivre dans le monde du libre logiciel; au
grand bénéfice du public, qui profite de l'avancée technologique qui résulte
de cette compétition, tout autant que de la chute des prix qui y est liée.
La preuve en est que RedHat a déjà de nombreux compétiteurs qui marchent
sur ses plates-bandes: SuSE, Caldera, MandrakeSoft, sans parler de VA Linux,
de LinuxCare, de TurboLinux, et bien d'autres (sans parler des petits
revendeurs de CD démarqués). Je vois mal où tu vois l'indice du début d'une
trace d'ombre de commencement de monopole dans l'affaire.
Microsoft a usé du monopole qu'est la propriété intellectuelle conférée
abusivement par la loi pour étendre son empire sur le logiciel, par effet
réseau, à une époque où les coûts matériels dominaient, en se faisant le
Parrain (dans tous les sens du terme) d'un marché autrement libre des
micro-ordinateurs personnels (par opposition aux architectures complètement
propriétaires de tous les autres constructeurs). Avec l'effondrement
du prix d'entrée des matériels informatiques, et la forte prise de
conscience des problèmes liés à la propriété intellectuelle, le coût
parasitique de la sangsue Microsoft devient évident et douloureux au
point qu'il ne peut plus durer. Je ne vois pas comment quiconque,
même Microsoft, peut espérer continuer à lever un impôt systématique
sur les matériels à travers un système logiciel propriétaire.
Sans vouloir te vexer ou paraître présomptueux, je crois
que tu n'as rien compris ni aux lois économiques générales,
ni à l'histoire de l'industrie informatique, ni à la conjoncture actuelle.
> je voulais juste que tu m'explique cette phrase : << Heureusement, non, même
> si le socialisme a corrompu les esprits au point que de telles réclamation
> paraissent recevables et sont même parfois reçues.>>
Le libéralisme, c'est l'idée selon laquelle il y a un droit naturel,
dans lequel les individus sont libres, et dans lequel les lois ne sauraient
se préoccuper que de JUSTICE. Le socialisme, c'est l'idée selon laquelle
le droit est arbitraire, et le législateur doté du pouvoir absolu,
qu'il peut et doit utiliser pour DIRIGER. Les socialistes (nationaux ou pas)
attribuent à loi la légitimité de FAVORISER les uns, ce qui ne peut se
faire bien sûr qu'au détriment des autres, clause en général passée sous
silence, et qui constitue l'horrible INJUSTICE LEGALE dès que la loi nie le
droit naturel. Seule la branche ouvertement nationale du socialisme assume
cette injustice, et évite ainsi la contradiction, au prix de la cruauté.
Les autres branches se vautrent dans démagogie, et multiplient les petites
injustices en faveur des uns et à l'encontre des autres, au bénéfice
statistique de quiconque crie le plus fort, et touche le plus de monde
quand il fait grève; bref, la loi du plus fort en gueule, la jungle des
syndicats et des lobbies, sous l'arbitrage des mass-media. Un deux mots,
la République Française.
>> http://www.tunes.org/~fare/books/Bastiat/
> lecture en cours.........
Félicitations.
> a propos de liberalisme, as-tu vu "the Big One" au ciné?
Non, mais j'en ai entendu parler.
Tu sembles, comme la majorité des français, confondre le libéralisme,
théorie politique, avec les pratiques économiques des grandes entreprises
actuelles. Cela est à peu près aussi pertinent que de condamner le principe
de la démocratie au prétexte que de nombreux élus sont malhonnêtes et
corrompus quand on y regarde de plus près.
Il n'y a rien de plus éloigné du libéralisme que l'esprit de monopole
et si des grandes entreprises aboutissent au monopole et à ses abus
(en grande partie grâce à la propriété intellectuelle, d'ailleurs),
ce n'est certes pas là l'effet du libéralisme, mais bien de son contraire.
De même, le secret des revenus, de "droit à l'intimité" des élus, l'opacité
de l'Administration, et la déresponsabilisation des citoyens par un état
providence, sont des plaies de la démocratie libérale, et il faut bien
se garder de condamner celle-là au prétexte que sa réalisation actuelle
souffre de ces maux.
Oh, et s'il s'agit de comparer avec le socialisme, allons-y.
Vois comme les subventions d'Etat grèvent l'économie nationale
pour mettre sous perfusion des industries non-rentables, au détriment
des industries rentables où le même argent irait sinon. Vois comment
les administrateurs irresponsables des banques publiques dilapident
l'argent des épargnants, couverts par la garantie que le contribuable
paiera les pots cassés. Vois comment le pseudo-égalitarisme (tout
égalitarisme est pseudo) démagogique des socialistes a mené à ce
double système pyramidal en faillite permanente que sont la sécurité
sociale et le système de retraite, alors que la liberté a créé
outre-atlantique des caisses de retraites dont le poids économique,
entièrement aux mains des travailleurs et tourné vers le long-terme,
est maintenant reconnu comme une force majeure mondiale. Vois comment
la faiblesse envers les syndicats mène à l'immobilisation de l'économie
pour la satisfaction égoïste de factions stratégiquement placées.
Et pour ce qui est de la conception socialiste d'une "république
démocratique", vois comme loin de faire des criminels des êtres traqués,
qui doivent manoeuvrer en secret ou profiter des failles de la loi,
elle les mets au pouvoir. Jamais le pouvoir n'a été aux mains d'un tel
ramassis de voyous que dans les pays socialistes, partout de par le monde
(d'ailleurs, dans tous les goulags socialistes, les condamnés de droits
communs étaient les "socialement proches", et les prisonniers honnêtes
les "contre-révolutionnaires").
Le libéralisme décrit la nature, explique, prévoit.
Le socialisme nie la nature, invoque les sentiments, prophétise.
> ca donne une autre idée des apports du liberalisme tel qu'il est pratiqué
> aujourd'hui.
> et ta description du liberalisme n'a surement pas pensé à ses effets
> pervers, bien qu'elle donne une justification totalement accepté de telles
> horreurs (voir le film).
Aujourd'hui, le libéralisme n'est certes pas pratiqué,
ou du moins que fort partiellement, et je ne vois pas que
ce soit un excès de libéralisme plutôt qu'un défaut,
qui favorise injustice et misère de par le monde.
> dans ta page (http://www.tunes.org/~fare/articles/liberalisme.html) tu
> parles de libre circulation de l'information;
> ce que je reproche a l'OSS c'est de se contenter de la libre circulation
> d'une information opaque
> et donc d'une illusion de liberté.
Tu dis n'importe quoi. Le libre logiciel insiste sur la disponibilité
des _sources_, c'est à dire de l'information sous sa forme la plus malléable.
Quant aux compétences pour utiliser cette information, il n'est certes pas
question d'exiger de quiconque qu'il la transfère; mais il est question
que chacun ait le droit de l'acquérir et le l'utiliser (par opposition aux
brevets).
De toute façon, j'ai la malheureuse impression que le mot "liberté" n'est
avec toi qu'un hochet que tu agites sans qu'il ait le moindre sens
dans ta bouche. Tu veux une "liberté" de faire ce que dit le gouvernement,
une "liberté" d'écouter les experts désignés pour juger de l'information,
une "liberté" pour les consommateurs de ne pas payer moins cher leurs denrées,
une "liberté" pour les entreprises de ne pas donner du travail aux habitants
de pays pauvres, une "liberté" pour lesdits habitants de crever la bouche
ouverte pour le bénéfice d'emplois occidentaux "protégés", une "liberté"
pour lesdits employés protégés de cotiser quelques miettes à envoyer à
quelques uns de ces malheureux étrangers non-protégés, quand par hasard
une caméra vient à les filmer. Ta "liberté" socialiste, je n'en veux pas.
> toujours dans cette page, le respect de l'homme à travers les echanges n'est
> guere mentionné;
Si. La liberté des échanges, et la libre information de chacun sur les
conditions de l'échange, c'est là le respect même de l'homme.
Ton pseudo-humanisme n'est que le masque dont s'affuble le protectionnisme.
> tu parles de configuration win/win entre 2 personnes qui effectuent un
> echange mais tu ne parles pas de la relation employé/employeur.
C'est un échange service contre service, l'un étant en nature, et l'autre
étant dans cet intermédiaire si pratique qu'est la monnaie. Si l'échange
est libre, et si chacun est bien informé, alors il y aura équilibre entre
ces services (ce n'est pas le cas actuellement, où il y a déséquilibre de
l'information en faveur de l'employeur, s'il est assez gros, déséquilibre
confirmé dans les divers "secrets" inscrits dans le droit français).
> l'idee de placer l'echange et non l'homme au centre de toute chose m'effraie
> quelque peu. et les faits observés autour de moi ne sont guère rassurant et
> ne m'autorisent pas a croire en une auto-régulation qui finisse bien.
Le libre échange, par définition, est le fait d'hommes libres. Je dirais
même plus, qu'un homme n'est libre que s'il est libre (entre autres)
d'échanger. J'espère que la lecture des classiques te permettra de
surmonter ton attitude timorée, qui de toute façon, ne semble actuellement
mener à rien.
> tu ne vois pas autour de toi un desequilibre dans le modele liberal? sur
> l'attribution des richesses?
> si les hommes etaient raisonnables, le liberalisme pourrait marcher; mais
> ils ne le sont pas!!!
C'est tout le contraire. Si les hommes étaient "raisonnables", n'importe
quel système marcherait. Le libéralisme ne fait pas de telle hypothèse;
il suppose au contraire que chaque homme est égoïste, soucieux de son bien
être propre et du succès de sa propre conception de l'univers. C'est un
système stable et auto-stabilisant, qui s'est imposé dans le monde entier,
au terme de plus de mille ans de lutte acharnée.
> a moins que tu ne penses que le boss de Nike est un bienfaiteur humaniste
> qui ne souhaite que le developpement des pays dans lequel il a implanté ses
> usines et de ses ouvriers?
Je veux bien reprocher de nombreuses choses à Nike et à son patron,
et je mettrai d'ailleurs au premier plan la "propriété intellectuelle"
sur ses modèles de chaussures. Mais je dénie à quiconque le droit de juger
quiconque d'autre d'après ses motivations. L'enfer est pavé de bonnes
intentions, et les SS comme les KGBistes n'étaient pas dénués des meilleures
intentions du monde, tandis que Newton et Edison étaient près de leurs sous.
La loi ne doit juger que les faits, pas les motivations.
Que le patron de Nike soit un philanthrope ou un pervers, qu'importe?
Ou bien il joue un rôle utile en respectant les règles du droit naturel,
et alors il n'y a rien à redire, ou bien il est nuisible et va à l'encontre
de ces lois, et il faut l'arrêter.
Vas-tu interdire l'égoïsme? Comment vas-tu l'extirper? Vas-tu, tel
Robespierre, Lénine ou Pol Pot, créer un homme nouveau par la Terreur Rouge?
Vas-tu, comme le recommande Louis Blanc, instituer un poteau, où tu inscriras
les noms des récalcitrant, pour leur faire honte, et où tu finiras par les
fusiller, s'ils tentent quelqu'action considérée comme contre-révolutionnaire?
Non merci, très peu pour moi; j'ai déjà donné.
Economie Politique 101. Que n'apprend-on cela à l'école! L'école nationale,
corrompue par les ministères socialistes et conservateurs, n'est plus
qu'une vaste halte garderie prolongée! Vivement que l'on décrète que
100% de toute classe d'âge doive avoir le bac, et qu'on donne en conséquence,
de manière équivalente et éminemment égalitaire(tm), ce baccalauréat à tout
nouveau né. Le diplôme national n'étant plus un but, on pourra alors enfin
retrouver la liberté de l'enseignement.
PS: sinon, pour ce qui est de l'égoïsme, je suis en train de lire
"The Selfish Gene" de Richard Dawkins, un grand classique, qui te
donnera une perspective nouvelle sur la notion d'égoïsme...
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[ FR: François-René Rideau | TUNES is a Useful, Nevertheless Expedient System ]
[ Reflection&Cybernethics | Project for a Free Reflective Computing System ]
Le problème avec la plupart des théories de conspiration, c'est qu'elles
présupposent que l'intention et la concertation soient nécessaires
pour qu'un groupe d'individus agisse de façon néfaste.
Le problème avec la plupart des théories centralistes, c'est qu'elles
présupposent que l'intention et la concertation soient nécessaires
pour qu'un groupe d'individus agisse de façon bénéfique.