=?iso-8859-1?Q?Lib=E9ralisme_contre_parti_du_fric?=

Francois-Rene Rideau fare@tunes.org
Sun, 9 Jan 2000 19:38:58 +0100


Chers cybernethiciens,
   j'espère ne pas commettre d'impair en répondant publiquement à Odile.

On Sun, Jan 09, 2000 at 09:24:59AM +0100, Odile Bénassy wrote:
> Bonjour,
> 
> Je n'ai pas l'énergie, ni la capacité, d'intervenir sérieusement dans le
> débat.
Mais si. C'est une chose for compréhensible de ne pas participer à la
discussion au-delà du temps que tu peux y consacrer; ta participation
n'en est pas moins appréciable et appréciée.

> Cependant, il me semble que les théories libérales en elles-mêmes (et
> pas seulement les excès de ceux qui les utilisent à leurs propres fins),
> en prônant notamment l'usage de la concurrence dans un maximum de
> situations, contiennent une idée de pureté qui mène en elle-même à des
> excès.
Il me semble qu'il y a mécompréhension de ta part des théories libérales.

Ce que le libéralisme préconise partout là où c'est possible,
c'est la _liberté civile_; et il affirme qu'elle est possible dans nettement
plus de situations qu'elle n'est actuellement reconnue; mais il ne prétend
pas pour autant chercher dogmatiquement cette liberté même là où n'aurait pas
de sens, comme le suggère ton "dans un maximum de situations".

Le libéralisme ne prône _absolument pas_ la concurrence.
La concurrence, il la _constate_, et c'est tout autre chose.
Il la constate d'ailleurs aussi là où il n'y a pas de liberté civile,
sous des formes certes plus insidieuses, et même vicieuses,
car viciées justement par l'absence de liberté.
Le libéralisme prétend justement que la concurrence,
qui est un fait (donc n'est en soi ni bonne, ni mauvaise),
s'exercera de façon la plus bénéfique pour tous
en présence d'une plus grande liberté de choix et d'information
de la part des acteurs économiques en présence.

Crois-tu qu'il n'y a pas de concurrence dans les pays communistes,
et plus généralement dans tous les domaines gérés par quelqu'Etat?
Bien sûr que si! Mais cette concurrence se fait uniquement par voie
de traffics d'influence, de dénonciations, de recours à une "justice"
expéditive, par la maîtrise des bras d'une administration tentaculaire.
Plus rien n'équilibre les gains et les pertes d'une activité avec
la valeur de ses produits et leur coût. La notion même de valeur est
pervertie. Certes, il se peut que par quelque prodige, l'administration
se trouve dans des mains compétentes; mais même alors, son statut même
de monopole (ou de privilégié) d'Etat empêchera l'évaluation correcte
des prestations qu'elle subventionne.

> En tous cas, je ne pense pas, Faré, que de libérer l'éducation soit une
> bonne idée, tant sont nombreux - et éventuellement graves - les abus
> auxquels cette libéralisation ouvrirait.
Il y a des abus partout, dans la liberté comme dans l'oppression.
Reste à savoir quel cadre offre la dynamique la plus saine pour lutter
contre ces abus. Je prétends que la liberté permet cette dynamique,
tandis que la tutelle de l'Etat ne mène qu'à l'immobilisation et à la
résignation de tous ceux qui seraient sinon les forces vives de l'éducation;
cette tutelle mène à des décisions spectaculaires au détriment des problèmes
de fonds. Elle mène à une bataille sournoise de lobbies, plutôt qu'à un
forum de dialogue entre acteurs (parents, enseignants, personnels, enfants,
et aussi ne les oublions pas, contribuables sans enfants).

> L'éducation nationale est un ciment pour notre peuple.
> Bon ou mauvais, ça c'est une autre histoire.
Ce n'est _pas_ une autre histoire. Engluer un peuple dans des faux principes,
le précipiter collectivement dans un gouffre, voilà un danger non négligeable.
Je préfère deux ou trois peuples libres et avancés, à un seul peuple opprimé
et reculé.

> Mes observations, assez variées, me permettent de penser que ça se passe
> plutôt mieux actuellement qu'il y a dix ans. C'est tout ce que je peux
> dire. Non qu'il n'y aurait beaucoup à changer, évidemment, et pour la
> dénonciation de l'abus des situations et avantages acquis, là je suis
> pleinement d'accord.
Mes mauvaises expériences avec l'EN sont trop courtes et particulières
pour me permettre de donner une appréciation d'évolution à long terme.
Les enseignants de lycée et d'université sont par contre unanimes pour
dire comme la poussée "égalitaire" vers plus d'élèves dans les lycées
s'est fait au détriment et des programmes et des conditions d'enseignement
(classes trop hétérogènes, indisciplinées, motivées à la rigueur par les
diplômes mais absolument pas par les contenus, etc).

> Pour revenir au libéralisme, pour moi le symbole, c'est cette
> représentation de Tosca au Metropolitan de New York "financée par
> Texaco". La nouvelle caste nobiliaire, les nouveaux ducs, etc... ce sont
> les entreprises privées.
Certes, et à tous points de vue. Cependant, je suis bien aise de voir que
le citoyen lambda vit bien mieux à l'aube du 21ème siècle qu'il ne le faisait
il y a trois siècle. Je ne cherche pas l'égalité, je cherche le progrès.
La seule égalité possible, c'est celle des morts.

> Est-ce parce que la distribution n'était pas
> bonne ? En tous cas, moi ça me fait drôle de devoir en quelque sorte
> associer, dans ma mémoire (c'est d'ailleurs le but, pour eux) un
> événement artistique avec une marque commerciale. J'aime mieux, tout de
> même, que l'Opéra de Paris soit financé par l'Etat....
Les concertos brandebourgeois de Bach, la cinquième symphonie de Beethoven,
sont-ils moins bons d'avoir été financé par l'argent de princes? Les derniers
opéras de Mozart sont-ils moins bons d'avoir été financé par le seul succès
des représentations? Quand je vois les "oeuvres d'art" financées à coups
de millions publics (mes impôts), j'ai envie de vomir. Autant que quand
je vois où mène l'art prostitué par la "propriété intellectuelle",
elle aussi recevant de l'Etat son "droit exclusif".

Quant à moi, je préfère infiniment l'art libre à l'art à la solde de l'Etat,
l'art vivant du seul contact avec le public, à l'art vivant du racket et de
l'oppression. L'art dont le succès est du à l'écho reçu par un large public,
à l'art de commande sous l'administration d'une clique commissaires
irresponsables (oui, je connais des artistes dans ma "famille" élargie,
et je puis dire d'expérience que l'"art" d'Etat pourrit la situation en
favorisant le clientélisme au détriment de l'art sincère).

Tiens, Bastiat avait écrit à ce sujet:
   http://tunes.org/~fare/books/Bastiat/cqovecqonvp.html#theatres_beaux_arts
(en attendant bastiat.org, qui tarde à être configuré correctement --
A bas NSI et son monopole trop longtemps garanti par l'Etat Américain).

Enfin, je préfère "Tosca" offerte et financée par Texaco
à "Marée Noire" offerte par Total et financée par nos impôts.

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