=?iso-8859-1?Q?Lib=E9ralisme?= contre parti du fric

Odile =?iso-8859-1?Q?B=E9nassy?= obenassy@magic.fr
Sun, 09 Jan 2000 19:47:48 +0100


Francois-Rene Rideau wrote:
> 
> Chers cybernethiciens,
>    j'espère ne pas commettre d'impair en répondant publiquement à Odile.

non, il n'y a pas d'impair
mais je vais répondre encore plus vite, et sommairement, malheureusement

> Il me semble qu'il y a mécompréhension de ta part des théories libérales.
> 
> Ce que le libéralisme préconise partout là où c'est possible,
> c'est la _liberté civile_; et il affirme qu'elle est possible dans nettement
> plus de situations qu'elle n'est actuellement reconnue; mais il ne prétend
> pas pour autant chercher dogmatiquement cette liberté même là où n'aurait pas
> de sens, comme le suggère ton "dans un maximum de situations".

Il faudrait analyser de près ce que les "libéraux" disent, à quelles
situations ils se réfèrent, etc...
Il m'apparaît en tous cas que l'ensemble des situations dans lesquelles
*je* souhaite l'intervention de l'état est d'un cardinal nettement
supérieur à l'ensemble des situations dans lesquelles *tu* souhaites...
C'est peut-être là le point.
> 
> Le libéralisme ne prône _absolument pas_ la concurrence.
> La concurrence, il la _constate_, et c'est tout autre chose.
> Il la constate d'ailleurs aussi là où il n'y a pas de liberté civile,
> sous des formes certes plus insidieuses, et même vicieuses,
> car viciées justement par l'absence de liberté.
> Le libéralisme prétend justement que la concurrence,
> qui est un fait (donc n'est en soi ni bonne, ni mauvaise),
> s'exercera de façon la plus bénéfique pour tous
> en présence d'une plus grande liberté de choix et d'information
> de la part des acteurs économiques en présence.
> 
> Crois-tu qu'il n'y a pas de concurrence dans les pays communistes,
> et plus généralement dans tous les domaines gérés par quelqu'Etat?
> Bien sûr que si! Mais cette concurrence se fait uniquement par voie
> de traffics d'influence, de dénonciations, de recours à une "justice"
> expéditive, par la maîtrise des bras d'une administration tentaculaire.
> Plus rien n'équilibre les gains et les pertes d'une activité avec
> la valeur de ses produits et leur coût. La notion même de valeur est
> pervertie. Certes, il se peut que par quelque prodige, l'administration
> se trouve dans des mains compétentes; mais même alors, son statut même
> de monopole (ou de privilégié) d'Etat empêchera l'évaluation correcte
> des prestations qu'elle subventionne.
> 
> > En tous cas, je ne pense pas, Faré, que de libérer l'éducation soit une
> > bonne idée, tant sont nombreux - et éventuellement graves - les abus
> > auxquels cette libéralisation ouvrirait.
> Il y a des abus partout, dans la liberté comme dans l'oppression.
> Reste à savoir quel cadre offre la dynamique la plus saine pour lutter
> contre ces abus. Je prétends que la liberté permet cette dynamique,
> tandis que la tutelle de l'Etat ne mène qu'à l'immobilisation et à la
> résignation de tous ceux qui seraient sinon les forces vives de l'éducation;
> cette tutelle mène à des décisions spectaculaires au détriment des problèmes
> de fonds. Elle mène à une bataille sournoise de lobbies, plutôt qu'à un
> forum de dialogue entre acteurs (parents, enseignants, personnels, enfants,
> et aussi ne les oublions pas, contribuables sans enfants).

Je ne pense tout de même pas que le libéralisation/dérégulation soit la
bonne réponse
> 
> > L'éducation nationale est un ciment pour notre peuple.
> > Bon ou mauvais, ça c'est une autre histoire.
> Ce n'est _pas_ une autre histoire. Engluer un peuple dans des faux principes,
> le précipiter collectivement dans un gouffre, voilà un danger non négligeable.
> Je préfère deux ou trois peuples libres et avancés, à un seul peuple opprimé
> et reculé.

attends, du calme, là, où il est, ton gouffre ?
> 
> > Mes observations, assez variées, me permettent de penser que ça se passe
> > plutôt mieux actuellement qu'il y a dix ans. C'est tout ce que je peux
> > dire. Non qu'il n'y aurait beaucoup à changer, évidemment, et pour la
> > dénonciation de l'abus des situations et avantages acquis, là je suis
> > pleinement d'accord.
> Mes mauvaises expériences avec l'EN sont trop courtes et particulières
> pour me permettre de donner une appréciation d'évolution à long terme.
> Les enseignants de lycée et d'université sont par contre unanimes pour
> dire comme la poussée "égalitaire" vers plus d'élèves dans les lycées
> s'est fait au détriment et des programmes et des conditions d'enseignement
> (classes trop hétérogènes, indisciplinées, motivées à la rigueur par les
> diplômes mais absolument pas par les contenus, etc).

Oui, c'est vrai, et c'est vrai que c'est excessif. 
Comme il est vrai que la tendance est justement sur le point de
s'inverser....

Par analogie : aurions-nous siplement imaginé, il y a deux ans, que la
situation de l'emploi allait s'améliorer comme elle le fait ?

Pour revenir au sujet : le balancier est au fond de sa course, il est en
train de revenir, cela se voit à divers indices (je ne lis pas beaucoup,
mais je fréquente des groupes, j'écoute, et j'explore divers points de
vue)
> 
> > Pour revenir au libéralisme, pour moi le symbole, c'est cette
> > représentation de Tosca au Metropolitan de New York "financée par
> > Texaco". La nouvelle caste nobiliaire, les nouveaux ducs, etc... ce sont
> > les entreprises privées.
> Certes, et à tous points de vue. Cependant, je suis bien aise de voir que
> le citoyen lambda vit bien mieux à l'aube du 21ème siècle qu'il ne le faisait
> il y a trois siècle. Je ne cherche pas l'égalité, je cherche le progrès.
> La seule égalité possible, c'est celle des morts.

je ne vois pas très bien le rapport
> 
> > Est-ce parce que la distribution n'était pas
> > bonne ? En tous cas, moi ça me fait drôle de devoir en quelque sorte
> > associer, dans ma mémoire (c'est d'ailleurs le but, pour eux) un
> > événement artistique avec une marque commerciale. J'aime mieux, tout de
> > même, que l'Opéra de Paris soit financé par l'Etat....
> Les concertos brandebourgeois de Bach, la cinquième symphonie de Beethoven,
> sont-ils moins bons d'avoir été financé par l'argent de princes? Les derniers
> opéras de Mozart sont-ils moins bons d'avoir été financé par le seul succès
> des représentations? Quand je vois les "oeuvres d'art" financées à coups
> de millions publics (mes impôts), j'ai envie de vomir. Autant que quand
> je vois où mène l'art prostitué par la "propriété intellectuelle",
> elle aussi recevant de l'Etat son "droit exclusif".
> 
> Quant à moi, je préfère infiniment l'art libre à l'art à la solde de l'Etat,

je ne vois pas ce que l'opéra Texaco a de plus libre que l'opéra "Etat
français"

> l'art vivant du seul contact avec le public, à l'art vivant du racket et de
> l'oppression. L'art dont le succès est du à l'écho reçu par un large public,
> à l'art de commande sous l'administration d'une clique commissaires
> irresponsables (oui, je connais des artistes dans ma "famille" élargie,
> et je puis dire d'expérience que l'"art" d'Etat pourrit la situation en
> favorisant le clientélisme au détriment de l'art sincère).

en écoutant la représentation du Met, j'ai justement eu cette impression
de quelque chose de convenu, d'artificiel, sans aucune fraîcheur.
peut-être était-ce le hasard ?
> 
> Tiens, Bastiat avait écrit à ce sujet:
>    http://tunes.org/~fare/books/Bastiat/cqovecqonvp.html#theatres_beaux_arts
> (en attendant bastiat.org, qui tarde à être configuré correctement --
> A bas NSI et son monopole trop longtemps garanti par l'Etat Américain).
> 
> Enfin, je préfère "Tosca" offerte et financée par Texaco
> à "Marée Noire" offerte par Total et financée par nos impôts.

Ton exemple est assez mal choisi, je trouve : la marée noire étant un
exemple particulièrement frappant des conséquences de la
libéralisation/mondialisation/dérégularisation (ici : déséquilibre entre
les moyens de contrôle des bateaux et la pression économique)

> 30 millions de morts. Extrême droite: des idées qui puent.
> 300 millions de morts. Extrême gauche: des idées qui tuent.

mais d'où sors-tu ces chiffres ??

-- 
Odile Bénassy