=?iso-8859-1?Q?l'ultralib=E9ralisme_n'existe_pas!?=

Francois-Rene Rideau fare@tunes.org
Mon, 20 Dec 1999 15:32:57 +0100


>>>: Faré
>>: Alain Barthe

>> Le seul point commun de ces ONG, c'est le refus d'un certain
>> type de société. Le même genre de refus qui a fait naître et qui fait
>> vivre le logiciel libre.

On ne fonde pas une société sur un refus; on ne peut le faire que sur
des valeurs constructives. Le logiciel libre refuse certes la propriété
intellectuelle, mais ceci non pas au nom d'un principe destructeur,
d'une négation pour soi, mais au nom d'un principe constructeur double,
la liberté publique et la communauté privée.

Dire "non" à tout, cela ne sert qu'à cautionner l'état de fait,
la domination des privilèges anciens et établis. Or telle est la seule
viabilité de l'assemblée hétéroclite des manifestants anti-OMC. Certes,
à court terme, il peut y avoir l'effet positif de faire capoter
des tentatives d'imposer de nouveaux privilèges, pire encore. Mais
sur le long terme, ce genre de protestation est nuisible, car elle
polarise les forces civiles autour d'une protestation destructive et vaine
(car on ne peux pas maintenir indéfiniment un ordre d'oppression ancien
face à un monde dont les structures ont évolué). Espérons donc que ces
protestations économiques désordonnées seront bientôt remplacées par
un activisme politique international plus constructif, tel que celui
en faveur du libre logiciel.

>> Tu as mal lu. Je me considère moi même comme un libéral. J'ai parlé
>> d'"ultra libéralisme".
Non, j'ai bien lu. Si même une personne se disant libérale est corrompue
et polarisée au point d'utiliser l'insulte "ultralibéral", le monde va mal.

>> J'emploie le mot "ultra-libéral" dans un sens précis:
Emploies-tu similairement avec un sens précis la locution "laquais de
l'impérialisme américain" ou bien celle-ci "sâle chien capitaliste bourgeois"?
Pourquoi pas? Parce que c'est passé de mode? Pourtant, ce sont les mêmes
personnes qui ont inventé ces locutions, dont elles honnissent les mêmes
contradicteurs, pour les mêmes raisons, et sans plus de distinction.
Certes la mot "ultralibéral" passe plus facilement. Comme elle ne peut
plus se prévaloir de l'immense succès de l'économie socialiste, la gauche
rend sa retorse propagande plus insidieuse que jamais.

>> d'intégrisme, d'extrémisme libéral.
Epouvantail brandi par les socialistes pour décourager quiconque de ne
faire même que commencer à réfléchir aux idées libérales sans préjugé.
Il y aura certes toujours des écrivains à sensation et autres marginaux
pour développer des thèses fantaisistes en se réclamant du libéralisme
(de même pour le socialisme). Vouloir en faire les représentants ou les
héritiers naturel du libéralisme classique, faire l'amalgame avec les
libéraux authentiques, et qualifier le tout du même qualificatif forgé
d'"ultralibéral", voilà qui tient tout bonnement de l'escroquerie.

>> On peut être libéral et anti "ultra-libéral".
>> Comme on peut être musulman et anti-intégriste, de
>> droite et antifasciste, corse et non violent, etc.
Ou blonde et anti-cigarette? Qui présente des amalgames douteux comme
"naturels"? Ces appels au sentiment suffisent-ils à donner un sens
au mot "ultralibéral"?

>>> L'intérêt particulier de grandes firmes, quoiqu'en disent les uns et les
>>> autres [...] est tout sauf le libéralisme.
>> Nous sommes bien d'accord. C'est une perversion du libéralisme, c'est de
>> l'ultra-libéralisme.
N'importe quoi. Ces firmes sont autant libérales que Tartuffe est dévôt,
que Marx est scientifique, ou que le Révérend Moon est la réincarnation du
Christ. Si tu confonds l'apparence et la réalité, tu n'iras pas loin.
Ne reproche pas au libéralisme, à la science, ou au gourou juif antique
les crimes effectués par des escrocs se réclamant d'eux.
Un escroc se faisant passer pour libéral n'est pas un "ultralibéral",
c'est juste un escroc. Un escroc se faisant passer pour un scientifique
n'est pas un "ultrascientifique", c'est juste un escroc. Un escroc se faisant
passer pour un dieu n'est pas un "ultradieu", c'est juste un escroc.
Réciproquement quelqu'un qui emploie le préfixe "ultra" à seule fin
de discréditer un contradicteur contre lequel il n'a pas d'argument, est
lui-même un escroc. Et celui qui reprend le préfixe à mauvais escient est
la victime contaminée, qui propage par contagion cette corruption de l'esprit.

>>> Pour te retourner la pareille, je propose que dorénavant, avant de donner
>>> tes opinions, tu te présentes comme un infra-libéral (ou un ultra-pédant,
>>> au choix).
>> ON/OFF. Ultra-libéral/infra-libéral. 1/0. Attention à la pensée binaire,
>> on finit par ressembler à sa machine.
Pfff. Dans le genre rengaine toute faite et complètement inappropriée,
on ne fait pas mieux. J'ironise sur l'inadéquation totale (et l'hypocrisie
sous-jacente) du préfixe "ultra", et tu ne trouves qu'à invoquer un
reproche bateau, sans rapport, et douteux, dans le genre réflexe.

>> Là aussi, nous sommes d'accord. Il ne faut pas d'état dans les affaires
>> économiques. L'erreur, c'est de croire qu'il n'en faut plus du tout.
Euh, le libéralisme classique ne prône pas l'absence d'Etat,
même si certains versent dans l'anarcho-libéralisme.
Le libéralisme classique veut un état garant du droit;
il consent même à ce que l'Etat possède et/ou réglemente
certaines infrastructures communes, quand il est avéré que
leur contrôle constitue un monopole naturel.

>> Pédant ? Tu as dit pédant?
Bien retourné. Je voulais mettre un adjectif plus cru, et ne
trouvant que mettre, je me suis rabattu sur la première chose
qui me venait à l'esprit, et que devait m'inspirer mon propre comportement.

>> "mondialisé, humaniste, gardien de l'intérêt général": je croyais que le
>> logiciel libre (pardon! le "libre logiciel", comme tu dis dans tes
>> "fora") était basé sur ces principes, visiblement niaiseux à tes yeux.
Non, ces principes sont bons. Par contre, ils sont antinomiques avec le
mot "Etat" que tu avais mis dans le même groupe nominal. Un Etat se doit
de rester local, de faire aveuglément respecter la justice, et de ne pas
prétendre savoir mieux que les citoyens où se trouve leur intérêt. S'il
tente de s'étendre, de favoriser l'un par rapport à l'autre, de dicter la
conduite des citoyens, alors il nie tout ce qu'il est censé défendre,
et n'aboutit qu'à la guerre, à l'injustice, et à la dictature de ligues
bienpensantes (de gauche ou de droite).

["asservir les grandes firmes à l'état"]
>> "Asservi" dans cette phrase signifie "être au service de", "être
>> contrôlé par". En tant que prestataire de service, je suis "asservi" à
>> mon client pendant la durée de ma mission.
Non, tu n'es pas asservi, précisément parce que ta mission a une durée
et un cadre fixe et bien défini, qui a été de plus librement négocié,
et n'a donc pu se conclure que si le jeu était à somme positive pour tous.
Si tu proposes que l'Etat négocie des contrats serrés avec le secteur privé
pour la mise en oeuvre des actions publiques, je serais tout à fait d'accord.
Mais cela n'a strictement rien à voir avec un asservissement, permanent et
illimité, de compagnies à des décisions politiques arbitraires.
Je n'ai aucune sympathie pour les grandes firmes, mais en faire les
succursales d'un immense Etat, c'est encore pire, du point de vue des
libertés comme du point de vue économique (et ça a d'ailleurs été tenté).

>> Je ne vois là dedans aucun
>> rapport de force, ni sirène, ni socialisme, ni situation conflictuelle,
>> ni logique de spoliation.
Ni asservissement, justement.

>>> Note que je ne t'en veux pas personnellement: le socialisme, à travers
>>> l'"éducation" nationale a corrompu l'esprit de la grande majorité des
>>> français, au point que seule une infine minorité d'autodidactes apprend
>>> quoique ce soit sur les principes de base d'économie politique.
>>> [Ce qui m'atterre, c'est que donner le droit de vote universel après avoir
>>> corrompu l'esprit du citoyen, c'est un peu comme demander à quelqu'un de
>>> conduire une voiture après lui avoir mis un bandeau sur les yeux.]
>> 
>> Ce discours couleur dégueulis a des relents idéologiques peu
>> ragoûtant...

Bravo, tu as gagné un point Godwin. Au risque d'être à nouveau pédant,
je t'invite à (re)lire "On Representative Government", de J.S.Mill,
que l'on peut difficilement accuser de ne pas être démocrate. Le droit
de vote universel est un mythe socialiste. D'ailleurs, on ne le donne
pas aux mineurs, aux criminels, aux malades mentaux (et pendant longtemps,
aux pauvres ni aux femmes). Donner le droit de vote à une masse inculte
et manipulable, ça ne mène qu'à mettre des beaux parleurs au pouvoir et/ou
à plebisciter les dictateurs en place (cas non exclusifs; exemples
innombrables). Tu peux trouver l'original ou une traduction dans ta
bibliothèque ou librairie la plus proche. Une version électronique
se trouve sur le site du CHPE
	http://panoramix.univ-paris1.fr/CHPE/

Pour t'éviter un nouveau point Godwin, je te donnes un indice:
le droit de vote suppose la responsabilité du vote, et la capacité à
assumer cette responsabilité. Les mineurs, les criminels, les animaux,
et les cocottes en papier, sont préjugés, à tort ou à raison, incapables
d'assumer cette responsabilité, et c'est pourquoi ils n'ont pas le droit
de vote. Supprimer chez les citoyens la capacité de jugement nécessaire
à voter, c'est vider le droit de vote de son sens, c'est transformer une
démocratie libérale en un état dirigé par l'apparence, c'est donner le
pouvoir aux mass-media.

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Obviously, a man's judgement cannot be better than the information on which he
has based it.  Give him the truth and he may still go wrong when he has
the chance to be right, but give him no news or present him only with distorted
and incomplete data, with ignorant, sloppy or biased reporting, with propaganda
and deliberate falsehoods, and you destroy his whole reasoning processes, and
make him something less than a man.
		-- Arthur Hays Sulzberger