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Francois-Rene Rideau fare@tunes.org
Fri, 9 Jul 1999 14:24:19 +0200


Chers lecteurs,

> Qu'il soit bien clair : partir de l'assertion que l'information n'a
> aucune valeur, exige un travail anthropologique dont la portée va bien
> au delà des seules communautés du logiciel libre.
C'est une question fondamentale de droits de l'hommes,
qui trouve son expression dans le concept de Libre Information en général
	http://www.tunes.org/~fare/Manifeste.fr.html

> Prenons un exemple. L'analyse des processus consumméristes dans les
> années cinquante/soixante par les R. Barthes (le système de mode), les
> Foucault (les mots et les choses), les Baudrillard (critique de
> l'économie politique du signe, le système des objets), etc... 
> Qu'avaient-ils cherché à démontrer ?
Désolé, je n'ai beau connaître toutes ces oeuvres que fort peu,
ce que j'en ai lu m'avait paru volontairement superficiel
et par là-même décevant.

> Que l'on était, par le Bauhaus, les productivistes russes, les
> avant-gardes artistiques de la première moitié du siècle), passé du
> produit à l'objet. Or, si la fonction de l'objet n'est réductible au
> *besoin*, à son usage, alors il devient *SIGNE*, c'est-à-dire
> *INFORMATION*.
Là, je ne te suis *pas du tout*! En français, ça donne quoi?

> Or, le discours traditionnel dans la communauté du logiciel libre est
> d'opposer (grosso modo pour aller vite) : la propriété matérielle d'un
> bien comme une automobile, une maison à celle d'un logiciel
> reproductible numériquement à l'infini (cf. à ce propos, l'un des
> premiers interviews de Stallman publié sur le site d'april).
Exactement. Et le raisonnement s'étend naturellement à l'information
en général, c'est à dire à des notions de logiciel vs matériel
qui ne sont pas confinées à la seule informatique.

> Qui dans la communauté du logiciel libre ose tenir un discours encore
> plus radical que celui de Stallman ?
Il ne s'agit pas d'être radical. Etre radical n'a aucun intérêt en soi.

> - les ultra-libéraux
Ce terme est une insulte digne de la plus basse propagande,
et compris comme telle par tous ceux qui sont ainsi désignés.
Si tu veux désigner les philosophes libéraux, appelle-nous simplement
"libéraux" comme il se doit, ou si tu veux préciser, "libéraux classiques",
voire "archéo-libéraux". Les "libéraux" du dix-neuvième siècle quant à eux
s'appelaient simplement économistes, du nom de l'Economie Politique,
science qu'ils ont établie avec tout le succès que l'on sait.

> - les marxistes
Fonder une "école" de "pensée", sur un seul homme, qui plus est un tartuffe,
dont l'oeuvre pseudo-"scientifique" est une imposture! No further comment.

> A ce propos (note perso pour François-René), lors de la dernière
> conférence de Stallman à Paris, tu étais CONTRE le droit d'auteur, mais
> Stallman n'a pas très bien compris ta question [...]
Il avait fort bien compris qu'elle était technique,
et ne voulait pas divertir l'attention du public en entrant
dans une telle discussion. Il avait raison, et je m'y attendais.
Mais je voulais être sûr qu'une telle question serait publiquement posée,
même si il n'y serait pas publiquement répondu. Pour les discussions
qui s'en sont suivi, voir les archives de juin et juillet 1999
des listes tunes@tunes.org et cybernethics@tunes.org,
	http://lists.tunes.org/cgi-bin/wilma/tunes
	http://lists.tunes.org/cgi-bin/wilma/cybernethics

> Affirmer que l'information ne peut pas être une marchandise [...]
> demanderait à être *pondéré*.
Pourquoi? Affirmation gratuite!

> Je suggère donc de laisser en suspens cette affirmation tant que nous ne
> pourrons pas la démontrer.
Elle l'a été on ne peut plus clairement,
de mille façons indépendantes et néanmoins convergentes.

> Raisonner à partir du cas particulier du
> logiciel pour généraliser à l'ensemble du dispositif de la circulation
> de l'information, c'est commettre un raisonnement par induction. Car où
> s'arrête et où commence l'information ?
Tu pipotes, mon ami. Relis le Manifeste de la Libre Information!

> On entre là dans un débat qui nous obligerait au minumum a avoir lu Mac
> Luhan, Baudrillard, les situationnistes, comprendre et analyser les
> mécanismes de la rente foncière et le transfert de ses règles sur le
> droit de propriété numérique (licences propriétaires, brevets, etc...)
> en partant de l'analyse historique de la transformation du marché à
> terme agricole de Chicago en réseau Nasdaq, etc...
S'il faut lire vingt volumes abscons pour comprendre ça,
c'est qu'il n'y a rien dedans.
S'il y a quelque chose, je t'invite à le résumer en quelques pages
que tu publierais sur la toile, à une adresse que tu nous communiquerais.
"Ce qui se conçoit bien s'énonce clai

> je ne dis pas que la communauté du logiciel libre ne doit ouvrir ce
> débat. Je dis que nous pouvons en débattre en disant que cette question
> n'est pas définitivement tranchée. Car, du statut accordé à
> l'information se pose alors la question du statut du travail
> intellectuel. Et l'on entre dans une hyper-complexité.
Bla bla. Le travail, c'est le travail.
Valoriser l'information, c'est dévaloriser le travail au profit du capital,
qui plus est d'un capital complètement artificiel.
Il n'y a là absolument rien de sorcier.

>> La véritable valeur se trouve dans le SERVICE, celui de développer,
>                                      ^^^^^^^^^^
> Je suis de plus en plus en plus CONTRE cette affirmation.
Tant pis pour toi!

> Je m'explique en le démontrant par un contre-exemple :
> l'école et les entreprises.
L'appel au sentiment! Voilà un bel argument, bien digne de Marx en effet!

> Prenons le modèle économique basé sur le service.
> Est-il opératoire pour les entreprises, les grands comptes soumis à
> l'économie de marché ?
> La réponse est probablement OUI.
> 
> Ce modèle est-il opératoire pour l'école ?
> La réponse est NON.
Bien sûr que SI!
L'éducation est un SERVICE rendu aux enfants et à leur famille.
Ce n'est pas un DROIT, mais un (bien)FAIT!
Mieux tu éduques les enfants, meilleur service tu leur rends.
Plus cette éducation coûte cher et est ineffective,
moins bon est le service.
Que le service soit obligatoire ne l'empêche pas d'être un service.
L'assurance automobile est elle-aussi un service obligatoire.
La domiciliation physique et bancaire sont aussi des services obligatoires.
Il n'en sont pas moins payants, par voie d'impôts en l'occurence.
Le monopole public par l'Etat,
ou privé par certaines entreprises à privilèges,
de certains services est une question indépendantes,
même si l'analyse en a aussi été faite il y a bien longtemps
par les Economistes.

> Or, GNU/Linux est, pour partie, issu du monde universitaire.
> Il me paraît donc excessivement dangereux d'affirmer que le *service*
> est le modèle économique de développement du logiciel libre.
Bon sang! L'éducation et la recherche universitaires sont des services!

> la notion de service demande elle-aussi a être affinée et contextualisée.
	http://www.tunes.org/~fare/books/Bastiat/services.html
Voir aussi "Valeurs et Monnaies", de Turgot, sur le site du
Centre d'Histoire de la Pensée Economique:
	http://www.univ-paris1.fr/CHPE/index.html

PS: discussion multipostées sur april@april.org et cybernethics@tunes.org.
Pour la suite de la discussion, choisir le ou les forum(s) approprié(s).

Bien à vous,

[ "Faré" | VN: Уng-Vû Bân | Join the TUNES project!   http://www.tunes.org/  ]
[ FR: François-René Rideau | TUNES is a Useful, Nevertheless Expedient System ]
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Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement,
les mots pour le dire arrivent aisément.
		-- Boileau