=?iso-8859-1?Q?Lib=E9ralisme_contre_parti_du_fric?=

Francois-Rene Rideau fare@tunes.org
Mon, 10 Jan 2000 00:10:01 +0100


> Il faudrait analyser de près ce que les "libéraux" disent, à quelles
> situations ils se réfèrent, etc...
Certes. Et il faudrait faire la différence entre libéraux et "libéraux".
Je rappelle au passage qu'aux E.U., "libéraux" signifie d'extrême gauche,
qu'au japon, il s'agit de conservateurs, et qu'en Autriche, c'est l'extrême
droite.

> Il m'apparaît en tous cas que l'ensemble des situations dans lesquelles
> *je* souhaite l'intervention de l'état est d'un cardinal nettement
> supérieur à l'ensemble des situations dans lesquelles *tu* souhaites...
> C'est peut-être là le point.
Cela reste à voir. Si par "intervention", tu entends gestion et prise en main,
sans aucun doute, puisqu'en libéral je suis opposé à toute telle chose.
Si par "intervention", tu entends régulation, définition de règles strictes,
et application impartiale de sanctions aux contrevenants, alors tu serais
étonnée à quel point je suis "interventionniste".

>> la tutelle de l'Etat ne mène qu'à [...]
> Je ne pense tout de même pas que le libéralisation/dérégulation soit la
> bonne réponse
Libéralisation et ne veut pas forcément dire dérégulation, et réciproquement.
Il n'y a pas de pire arbitraire que sous la tutelle directe d'un Etat
irresponsable. Réciproquement, la liberté sous-entend des règles du jeu
précises, universellement connues et respectées (avec sanctions immédiates
pour les contrevenants). Le libéral s'oppose certes à certaines régulations
nocives (celles qui ne sont que des subventions ou pénalitées déguisées
sous formes de d'aides et taxes systématiques). Il ne s'oppose pas au
principe de la régulation (ça, c'est l'anarchiste).

>>> L'éducation nationale est un ciment pour notre peuple.
>>> Bon ou mauvais, ça c'est une autre histoire.
>> Ce n'est _pas_ une autre histoire. Engluer un peuple dans des
>> faux principes, le précipiter collectivement dans un gouffre,
>> voilà un danger non négligeable. Je préfère deux ou trois peuples
>> libres et avancés, à un seul peuple opprimé et reculé.
> attends, du calme, là, où il est, ton gouffre ?
Je ne suis pas sûr qu'il y ait un gouffre, et j'ose espérer
qu'il n'y en a pas. Je détruisais juste ton argument.
Il y a tout de même des conséquences nocives graves, que je ne peux
m'empêcher de constater l'ignorance profonde (accompagnée, ce qui est pire,
de l'assurance de savoir) qu'ont nos fameux bacheliers des principes
_élémentaires_ de l'économie et de la politique. De quoi en faire les
victimes faciles du premier homme d'affaires véreux ou politicien démagogue
venu. L'Educ. Nat. ne forme pas ni professionels, ni des hommes cultivés,
ni même des citoyens responsables. A quoi sert-elle? Ce n'est qu'une vaste
halte-garderie, un instrument de contrôle des masses au profit direct et
indirect de lobbies divers.

> Par analogie : aurions-nous siplement imaginé, il y a deux ans, que la
> situation de l'emploi allait s'améliorer comme elle le fait ?
Par la même analogie, est-ce à l'Etat à se substituer premiers concernés
pour privilégier certaines orientations scolaires par rapport à d'autres?

>>> Pour revenir au libéralisme, pour moi le symbole, c'est cette
>>> représentation de Tosca au Metropolitan de New York "financée par
>>> Texaco". La nouvelle caste nobiliaire, les nouveaux ducs, etc... ce sont
>>> les entreprises privées.
>> Certes, et à tous points de vue. Cependant, je suis bien aise de voir que
>> le citoyen lambda vit bien mieux à l'aube du 21ème siècle qu'il ne le
>> faisait il y a trois siècle. Je ne cherche pas l'égalité, je cherche
>> le progrès. La seule égalité possible, c'est celle des morts.
> je ne vois pas très bien le rapport
Le rapport est que le progrès ne consiste pas tant à rabaisser les puissants
qu'à élever les faibles. Que l'égalisation complète ne peut se faire que par
le bas. Qu'il n'y a pas de mal à être puissant, mais qu'il n'y a de mal que
dans certains moyens employés pour parvenir à la puissance.

>> Quant à moi, je préfère infiniment l'art libre à l'art à la solde de l'Etat,
> je ne vois pas ce que l'opéra Texaco a de plus libre que l'opéra "Etat
> français"
Il est vrai que la fortune des compagnies pétrolières n'est pas le fruit
d'un travail parfaitement honnête. Toutefois, ce qui importe est que l'argent
qui a financé le spectacle l'a été en toute connaissance de cause par une
personne responsable de cet argent, et qui aurait pu décider de l'affecter à
une autre cause; il n'a pas été prelevé de force dans les poches de
contribuables involontaires, qui n'auront jamais assisté à ce spectacle.
Là est la différence, de taille.

> en écoutant la représentation du Met, j'ai justement eu cette impression
> de quelque chose de convenu, d'artificiel, sans aucune fraîcheur.
> peut-être était-ce le hasard ?
Je ne puis parler pour ce cas particulier. Il est clair que le métier de
Texaco n'est pas l'organisation de spectacles, et si cette entreprise,
pour une raison ou pour une autre, n'a pas pu ou pas voulu confier cette
organisation à des personnes compétentes, le résultat a pu être désolant.
Mais compare à ce qui se passe quand l'Etat est celui qui choisit mal:
à ce moment, et pour toute la durée du contrat du dirigeant choisi, le
contribuable continuera à être affligé par le même genre de spectacles
désolant qu'il financera contre son gré (en France, on connaît). Or, le
fait d'être élu, ou nommé par un homme politique, confère-t-il magiquement
plus de perspicacité que le fait d'être choisi par un mécène amateur d'art?
Nullement. En le supposant impartial, l'art d'Etat ne sert donc au mieux
qu'à diminuer la rétroaction entre le public et les artistes, à couper l'art
de ses racines.

>> Tiens, Bastiat avait écrit à ce sujet:
>>  http://tunes.org/~fare/books/Bastiat/cqovecqonvp.html#theatres_beaux_arts

>> Enfin, je préfère "Tosca" offerte et financée par Texaco
>> à "Marée Noire" offerte par Total et financée par nos impôts.
> Ton exemple est assez mal choisi, je trouve : la marée noire étant un
> exemple particulièrement frappant des conséquences de la
> libéralisation/mondialisation/dérégularisation (ici : déséquilibre entre
> les moyens de contrôle des bateaux et la pression économique)
Il n'y a absolument _rien_ de libéral à ce que l'Etat assume l'entièreté des
dégâts occasionnés par la marée (enfin, des dégâts officiels, la population
payant le reste), plutôt que le responsable (Total, en l'occurence; mais
tous les pétroliers ont leur lot). Il n'y a rien de libéral à ce que les
coûts secondaires de l'usage de l'essence soient soi-disant couvert
par une TVA opaque (qui plus est, reversée dans le pot général), plutôt que
par les trafiquants de ce produit aux retombées nocives.
L'empire des pétroliers n'a rien de libéral; c'est un vaste lobby
international, privilégié par des hommes politiques irresponsables.
Comme dit jfm2, ne pas confondre libéralisme et empire du fric

>> 30 millions de morts. Extrême droite: des idées qui puent.
>> 300 millions de morts. Extrême gauche: des idées qui tuent.
> mais d'où sors-tu ces chiffres ??
Ce sont certes des évaluations sommaires, mais je ne les crois pas trop
éloignées de la réalité. Pour l'extrême droite, j'additionne les morts
de la guerre d'espagne, de la seconde guerre mondiale, et quelques millions
par ci par là, et j'obtiens bien moins de 30 millions. Pour l'extrême gauche,
je prends 40 millions de soviétiques par ci, 60 millions de chinois par là,
7 millions vietnamiens, 2 millions de cambodgiens, ainsi de suite, plus
toutes les famines programmées, de l'Ukraine à la Corée, etc, etc, et
j'obtiens plusieurs centaines de millions, que j'arrondis à 300, pour faire
bonne mesure. J'essaie de compter les "morts indirectes", i.e. tous ceux
qui sans mourir directement assassinés, ont péri de faim et de maladie,
ou ont été détruit par les décennies de déportations auxquelles ils auraient
survécu. Tu préfères un score plus modeste de 20/200, ou même de 15/150 ?

[ "Faré" | VN: Уng-Vû Bân | Join the TUNES project!   http://www.tunes.org/  ]
[ FR: François-René Rideau | TUNES is a Useful, Nevertheless Expedient System ]
[ Reflection&Cybernethics  | Project for  a Free Reflective  Computing System ]
Death is only a milestone - albeit one that is dropped on you
from a very great height 
	-- Terry Pratchett.