=?iso-8859-1?Q?Lib=E9ralisme?= contre parti du fric
Odile =?iso-8859-1?Q?B=E9nassy?=
obenassy@magic.fr
Tue, 11 Jan 2000 13:51:55 +0100
Francois-Rene Rideau wrote:
> Le libéral s'oppose certes à certaines régulations
> nocives (celles qui ne sont que des subventions ou pénalitées déguisées
> sous formes de d'aides et taxes systématiques). Il ne s'oppose pas au
> principe de la régulation (ça, c'est l'anarchiste).
En France, les libéraux combattent en général toute forme de régulation,
parfois indirectement, sous des prétextes divers tels que le jeu de la
concurrence, etc...
>
> Il y a tout de même des conséquences nocives graves, que je ne peux
> m'empêcher de constater l'ignorance profonde (accompagnée, ce qui est pire,
> de l'assurance de savoir) qu'ont nos fameux bacheliers des principes
> _élémentaires_ de l'économie et de la politique. De quoi en faire les
> victimes faciles du premier homme d'affaires véreux ou politicien démagogue
> venu.
A ma connaissance, ce n'est pas différent dans d'autres pays.
> L'Educ. Nat. ne forme pas ni professionels, ni des hommes cultivés,
> ni même des citoyens responsables. A quoi sert-elle? Ce n'est qu'une vaste
> halte-garderie, un instrument de contrôle des masses au profit direct et
> indirect de lobbies divers.
Un peu tout ça. Et beaucoup un lit de Procuste.
>
> > Par analogie : aurions-nous siplement imaginé, il y a deux ans, que la
> > situation de l'emploi allait s'améliorer comme elle le fait ?
> Par la même analogie, est-ce à l'Etat à se substituer premiers concernés
> pour privilégier certaines orientations scolaires par rapport à d'autres?
Je ne sais pas.
(il me semble que ça peut dépendre de beaucoup de facteurs)
>
> >>> Pour revenir au libéralisme, pour moi le symbole, c'est cette
> >>> représentation de Tosca au Metropolitan de New York "financée par
> >>> Texaco". La nouvelle caste nobiliaire, les nouveaux ducs, etc... ce sont
> >>> les entreprises privées.
> >> Certes, et à tous points de vue.
je préfère la tutelle d'une collectivité locale à celle d'un industriel.
Au moins il existe des possibilités de contre-pouvoir. Et puis, c'est
une question de "fierté", je veux dire par là qu'il y a derrière ce
choix aussi des motivations inconscientes, de "plaisir", etc...
Mais pour rester à la surface des choses : nous sommes en République,
nous sommes censés avoir dépassé le temps du pouvoir individuel des
Rois, Ducs et autres castes.
S'il est vrai que la démocratie fonctionne mal, attachons-nous à
l'améliorer, mais ne la soumettons pas au pouvoir d'une oligarchie
(attention : il s'agit tout de même bien, ici, du pouvoir de l'Argent,
et pas d'autres chose)
> Cependant, je suis bien aise de voir que
> >> le citoyen lambda vit bien mieux à l'aube du 21ème siècle qu'il ne le
> >> faisait il y a trois siècle. Je ne cherche pas l'égalité, je cherche
> >> le progrès. La seule égalité possible, c'est celle des morts.
> > je ne vois pas très bien le rapport
> Le rapport est que le progrès ne consiste pas tant à rabaisser les puissants
> qu'à élever les faibles. Que l'égalisation complète ne peut se faire que par
> le bas.
non, effectivement
c'est là une erreur flagrante du communisme
> Qu'il n'y a pas de mal à être puissant, mais qu'il n'y a de mal que
> dans certains moyens employés pour parvenir à la puissance.
_ou pour la conserver_
>
> >> Quant à moi, je préfère infiniment l'art libre à l'art à la solde de l'Etat,
> > je ne vois pas ce que l'opéra Texaco a de plus libre que l'opéra "Etat
> > français"
> Il est vrai que la fortune des compagnies pétrolières n'est pas le fruit
> d'un travail parfaitement honnête. Toutefois, ce qui importe est que l'argent
> qui a financé le spectacle l'a été en toute connaissance de cause par une
> personne responsable de cet argent, et qui aurait pu décider de l'affecter à
> une autre cause; il n'a pas été prelevé de force dans les poches de
> contribuables involontaires, qui n'auront jamais assisté à ce spectacle.
> Là est la différence, de taille.
L'argent a bien été prélevé un jour où l'autre dans les poches des
péquenots (y compris ceux qui l'aiment pas l'Opéra), quelques petits
centimes de plus le litre d'essence, une bonne petite lutte
d'influence...
>
> > en écoutant la représentation du Met, j'ai justement eu cette impression
> > de quelque chose de convenu, d'artificiel, sans aucune fraîcheur.
> > peut-être était-ce le hasard ?
> Je ne puis parler pour ce cas particulier. Il est clair que le métier de
> Texaco n'est pas l'organisation de spectacles, et si cette entreprise,
> pour une raison ou pour une autre, n'a pas pu ou pas voulu confier cette
> organisation à des personnes compétentes, le résultat a pu être désolant.
> Mais compare à ce qui se passe quand l'Etat est celui qui choisit mal:
> à ce moment, et pour toute la durée du contrat du dirigeant choisi, le
> contribuable continuera à être affligé par le même genre de spectacles
> désolant qu'il financera contre son gré (en France, on connaît). Or, le
> fait d'être élu, ou nommé par un homme politique, confère-t-il magiquement
> plus de perspicacité que le fait d'être choisi par un mécène amateur d'art?
> Nullement. En le supposant impartial, l'art d'Etat ne sert donc au mieux
> qu'à diminuer la rétroaction entre le public et les artistes, à couper l'art
> de ses racines.
>
> >> Tiens, Bastiat avait écrit à ce sujet:
> >> http://tunes.org/~fare/books/Bastiat/cqovecqonvp.html#theatres_beaux_arts
je vais tâcher d'aller voir, promis
>
> >> Enfin, je préfère "Tosca" offerte et financée par Texaco
> >> à "Marée Noire" offerte par Total et financée par nos impôts.
> > Ton exemple est assez mal choisi, je trouve : la marée noire étant un
> > exemple particulièrement frappant des conséquences de la
> > libéralisation/mondialisation/dérégularisation (ici : déséquilibre entre
> > les moyens de contrôle des bateaux et la pression économique)
> Il n'y a absolument _rien_ de libéral à ce que l'Etat assume l'entièreté des
> dégâts occasionnés par la marée (enfin, des dégâts officiels, la population
> payant le reste), plutôt que le responsable (Total, en l'occurence; mais
> tous les pétroliers ont leur lot). Il n'y a rien de libéral à ce que les
> coûts secondaires de l'usage de l'essence soient soi-disant couvert
> par une TVA opaque (qui plus est, reversée dans le pot général), plutôt que
> par les trafiquants de ce produit aux retombées nocives.
> L'empire des pétroliers n'a rien de libéral; c'est un vaste lobby
> international, privilégié par des hommes politiques irresponsables.
nous sommes d'accord
> Comme dit jfm2, ne pas confondre libéralisme et empire du fric
L'ennui, c'est qu'en France les discours se confondent... Et dans la
plupart des autres pays aussi.
>
> >> 30 millions de morts. Extrême droite: des idées qui puent.
> >> 300 millions de morts. Extrême gauche: des idées qui tuent.
> > mais d'où sors-tu ces chiffres ??
> Ce sont certes des évaluations sommaires, mais je ne les crois pas trop
> éloignées de la réalité. Pour l'extrême droite, j'additionne les morts
> de la guerre d'espagne, de la seconde guerre mondiale, et quelques millions
> par ci par là, et j'obtiens bien moins de 30 millions. Pour l'extrême gauche,
> je prends 40 millions de soviétiques par ci, 60 millions de chinois par là,
> 7 millions vietnamiens, 2 millions de cambodgiens, ainsi de suite, plus
> toutes les famines programmées, de l'Ukraine à la Corée, etc, etc, et
> j'obtiens plusieurs centaines de millions, que j'arrondis à 300, pour faire
> bonne mesure. J'essaie de compter les "morts indirectes", i.e. tous ceux
> qui sans mourir directement assassinés, ont péri de faim et de maladie,
> ou ont été détruit par les décennies de déportations auxquelles ils auraient
> survécu. Tu préfères un score plus modeste de 20/200, ou même de 15/150 ?
Je n'en demandais pas tant, et c'est vrai que les chiffres font frémir.
Oserai-je dire tout de même que:
- ces comptabilités macabres concernent toutes des régimes totalitaires,
pour moi Staline, par exemple, n'a rien d'un homme de gauche, c'est un
dictateur qui s'est implanté sur le terreau de la révolution
(évidemment, c'est bien connu que tout changement porte un risque de
désordre, et que tout désordre risque fort de mener au désordre...
jusqu'à ce qu'un profiteur ayant un goût prononcé pour le pouvoir se
saisisse de l'occasion. Est-ce à dire qu'il ne faut jamais rien vouloir
changer par crainte des risques ?
- en certaines occasions, il est des hommes et des femmes pour résister,
ce qui veut dire concrètement, refuser de se soumettre à des idées ou à
des pouvoirs, jusqu'au péril de leurs vies (et de celles de leurs amis,
enfants, etc...). S'il se trouve ainsi des gens pour placer des idées,
un honneur, au-dessus de leur propre vie, c'est bien qu'il existe des
valeurs vraiment importantes. Eventuellement plus importantes que la vie
d'un homme ou d'un groupe d'humains (cela n'est pas destiné à justifier
des massacres, stp ne me charge pas de cela, ce ne serait pas juste)
- dans ta comptabilité, as-tu compté les victimes des escadrons de la
mort dans certains pays d'Amérique Latine ? (Salvador, Pérou, Brésil...)
Comptes-tu les victimes tchètchènes ?
- n'aurais-tu pas, par hasard, repris au compte de " l'extrême gauche "
(en France l'extrême gauche ne ferait pas de mal à une mouche, il me
semble) les victimes russes de la deuxième guerre mondiale ? et ainsi de
suite pour les autres pays ?
--
Odile Bénassy,
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