[Membres] Re: Developpement technologique libre finance par l'etat

Francois-Rene Rideau fare@tunes.org
Wed, 15 Mar 2000 18:42:40 +0100


Comme précédemment, je réponds sur la liste cybernethique@tunes.org pour
soulager la liste membres@aful.org où cette discussion n'a rien à faire.

> Je crois
> bien que Air France est une des meilleurs compagnies aeriennes sur
> lesquelles j'ai eu l'occasion de voyager.
Meilleure à quel titre? Pour avoir voyagé en dernière classe sur les
lignes nationales, j'ai eu l'occasion de constater que le service
n'était pas meilleur (si, la navette est disponible), et les prix bien
plus élevés.

> Quant aux prix des billets, vous avez fait un comparatif ?!
Oui, pour les vols nationaux.

Quant à la compétitivité de l'entreprise, ses prix de revient, etc,
je me fie à une présentation (certes il y a deux ou trois ans) d'un haut
responsable d'AF qui expliquait comment le poids salarial de l'entreprise
(avec de plus des "privilèges" hérités de la période de nationalisation)
grévait la compagnie, et comme elle devait se battre pour tenter de
rattrapper son retard (ce qui ne pourrait d'ailleurs pas se faire
complètement).

> Pour ce qui est du Concorde, n'allons pas trop vite en besogne ...
> peut-etre y avait-il une volonte politique derriere cet echec, non ?!
Une volonté politique pour faire échouer? Pas que je sache. Il suffit
que le projet, exploit technique certes, était économiquement non rentable.
S'il y en avait une, ce serait une raison de plus de ne pas confier
la gestion économique à l'Etat.

> Quant a 'des armees d'employes a rien foutre inamovibles', ca me semble
> etre du rechauffe tout ca.
Je ne sais pas si la privatisation a fait des progrès en Corse depuis,
mais du temps du monopole d'Etat, c'était complètement ça. Au total,
l'Etat injectait 800 millions par an de subvention pour le transport aérien
Métropole-Corse (soit 4000F/habitant, de quoi leur payer deux A/R chacun!),
pour un service complètement dégueulasse.

> C'est marrant, des qu'ils sont en greve (si,
> si, ca arrive!), plus rien ne marche ! Humm ...
Au moment de l'introduction de la concurrence, lesdits payés à rien foutre
inamovibles ont fait la grève pour "protéger leur emploi", et le gouvernement
faisait mine de céder (mais s'appuyait lâchement sur les directives
européennes pour signifier qu'en fin de compte, la concurrence aurait lieu).

>> On pourrait aussi en dire de belles sur la facon dont l'Etat a  desorganise
>> l'Université et la façon dont la recherche et l'enseignement y sont menés.
>
> La France est un des rares pays ou une structure telle que le CNRS existe.
> On peut certes en dire beaucoup de mal (sans probleme) mais d'une telle
> agence emanent bien des aspects positifs pour une recherche de qualite et
> desinteressee d'interets immediats de profit et rentabilite. Et j'etendrai
> cette remarque tres facilement au service public en general, qui helas
> tend a disparaitre.

Pourquoi, hélas?

>> Bref, il y a matière à vaste débat, mais le bilan de l'intervention de
>> l'Etat n'a rien d'évidemment bénéfique, au contraire. Or, c'est toujours
>> aux ennemis de la liberté, à ceux qui veulent faire intervenir le bras
>> armé de l'Etat, pour dépouiller les citoyens de leurs moyens et les
>> affecter arbitrairement, que doit revenir la charge de la preuve,
>> en prenant compte aussi bien de ce qu'on voit que de ce qu'on ne voit pas.
>> 	http://bastiat.org/fr/cqovecqonvp.html

> "ennemis de la liberte, ceux qui veulent faire intervenir le bras arme de
> l'Etat" ... Euh, excusez-moi encore mais il y a une relation que je n'ai
> pas vue.
Vous ne comprenez sans doute ni le sens du mot liberté,
ni le sens du mot Etat.

> Etre pour un volontarisme de l'Etat ne signifie en aucune facon
> etre ennemi de la liberte.
Si. Car l'Etat ne tire pas ses ressources du néant. Pour toute action
de l'Etat qu'on voit, il y a plus encore d'actions privées empêchées,
qu'on ne voit pas, qui correspondent aux sommes prélevées par voie d'impôt.
Ces actions empêchées sont autant d'atteinte à la liberté des citoyens.
On peut affirmer que certaines de ces actions de l'Etat sont indispensables,
et que d'autres ont des effets bénéfiques rentables au vu de la dépense;
cela, je ne le nie pas; c'est à ce titre que l'on peut invoquer l'action de
l'Etat, quoique c'est aux ennemis de la liberté que revient la preuve de
démontrer la nécessité de l'intervention de la force Etatique. Mais c'est
tout bonnement mentir que d'affirmer qu'il n'y a pas dans l'action de l'Etat
usage de la force et de la contrainte, et restriction des libertés privées.

> Me trouvant aux Etats-Unis en ce moment, je
> pourrais vous parler longuement de cette vaste supercherie qui consiste a
> rejetter tout ce qui vient du gouvernement federal au nom d'une soi-disant
> liberte individuelle. Quelle betise !!! A cause de cette "phobie", les
> gens pensent etre liberes d'un etat centralise, alors qu'ils sont dans le
> meme temps asservis par les interets de multinationales privees. Il y a la
> un "gain" que je ne suis pas forcement pret a accepter.
Vous vous plantez complètement. Les Etats-Unis ne sont pas un état libéral.
Le corporatisme y a pris racine depuis le siècle dernier, par le biais de
privilèges juridiques énormes accordés aux entreprises (y compris via les
droits de propriété intellectuelle), sans parler des subventions non moins
colossales attribuées au complexe militaro-industriel. Bref, il n'est pas
étonnant que des multinationales privées aient pris un pouvoir démesuré.
Mais si vous croyez que l'Etat est un sauveur, vous vous mettez le doigt
dans l'oeil, car c'est l'Etat qui en accordant ces privilèges, a créé le
problème, et s'il doit non seulement accorder, mais exercer les privilèges,
ce sera encore pire.

> Veut-on une societe de citoyens responsables et informes ?
En quoi charger l'Etat de divers services rend-il les citoyens responsables?
C'est tout le contraire; cela les décharge de leurs responsabilités en
même temps que de leurs libertés.

> ou bien un tas de consommateurs-producteurs
> prets a se devorer entre eux pour faire avancer leurs petits profits
> personnels ?
Ce que vous décrivez est exactement l'Etat socialiste, ou chacun va
faire la cour aux politiciens pour que les subventions l'arrose plus
que le voisin (au détriment du reste des contribuables, donc).
	"L'Etat, c'est la grande fiction à travers la quelle
	tout le monde s'efforce de vivre aux dépens de tout le monde"
		-- http://bastiat.org/fr/l_Etat.html

Tandis que s'il n'y a plus ce moyen malhonnête de s'enrichir,
chacun sait qu'il ne devra compter pour s'enrichir que sur son propre
travail, et sur la coopération volontaire d'autrui (donc, dans des
conditions justement négociées).

> Quant a l'Etat dans tout ca, au moins il presente un avantage
> a mes yeux: il est elu, dans nos societes dites democratiques,
Quelle naïveté touchante. J'en ai la larme à l'oeil.

> contrairement aux societes privees dont les budgets depassent largement
> ceux de la plupart des nations dans le monde.
Ces sociétés ne sont pas moins élues que vos politiciens; elles le sont
plus même.

En effet, chacun vote avec ses dollars sur chaque transaction, dans
un vaste marché qui pour n'être pas complètement libre n'en est pas moins
relativement équitable. En plus, même arnaqué, le consommateur ne l'est
qu'à hauteur de la somme dépensée. Enfin, chaque oligopole privé ne peut
contrôler qu'un nombre restreint de marchés, et n'a donc qu'un pouvoir
limité; il est de plus sous l'étroite surveillance des consommateurs
prompts à la révolte et à la litigation judiciaire.

A l'opposé, les divers partis qui se partagent le pouvoir politique ne
sont pas moins un oligopole que les entreprises qui contrôle chaque marché;
ils ont en plus le désavantage d'être beaucoup plus rigides que les
entreprises, d'être protégés de toute concurrence, et surtout d'acquérir
un pouvoir illimité sur le citoyen floué. Une fois que vous avez élu un
politicien, votre "liability" n'est plus limitée à un prix fixé avant la
transaction; les impôts directs et indirects, visibles et cachés qu'il
votera sont laissé à sa seule appréciation discrétionnaire. Certes il
faut ne pas mécontenter le public, d'où le marketing politique basé à
100% sur le mensonge (la publicité mensongère est réprimée pour les
entreprises privées), et le contrôle de l'information par les politiciens,
qui votent toutes sortes de secrets, et truquent les statistiques
à travers les institutions d'études nationalisées.

> Reste a defendre la
> democratie, et cela passe par une responsabilisation et information
> accrues des citoyens.
Oui. Donc, à la fin de l'intervention de l'Etat partout où l'usage de
la force n'est pas indispensable (comme dans le maintien de l'ordre,
par exemple).

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Property in ideas is an insoluble contradiction.  [He who complains of
"theft" of his idea] complains that something has been stolen which he
still possesses, and he wants back something which, if given to him a
thousand times, would add nothing to his possession.
    -- H. Rentzsch, Geistiges Eigenthum, 1866.